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Le blog écolo : penser loin, agir vite
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3 avril 2006

Face à la Mondialisation, quel monde voulons-nous ?

La question qui nous occupe est de savoir quel monde nous souhaitons construire et léguer à nos enfants, nos petits-enfants, quelle attitude adopter dans le débat sur la ‘mondialisation’ ?

La mondialisation est considérée ici comme l’interdépendance croissante des sociétés humaines à tous les niveaux : économique, sociale, culturelle, politique, etc… Elle nous concerne tous nécessairement. Son empreinte sociale, économique, écologique aura certainement un impact sur la vie de nos enfants et sûrement celle de nos petits-enfants.

La question est bien entendu vaste et complexe. L’objectif ici est d’indiquer quelques uns des enjeux de la mondialisation dite ‘galopante’.

La problématique directement liée à celle de la mondialisation est celle du développement et de la croissance.  Quel développement choisir pour harmoniser et sécuriser la vie de tous sur terre dans 50 ans (demain) ? Devons-nous modifier nos modes de vie, notre façon de consommer, le type de croissance retenu pour nos sociétés modernes ?

On associe souvent à la mondialisation la notion de développement durable. Ce terme a été définit pour la première fois par la commission Brundland (ONU, 1987) : ‘le développement durable est celui qui répond aux besoins des générations présentes, à commencer par ceux des plus démunis, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs’. La raison d’être du développement durable est de rapprocher des domaines - économie, social, environnement - qui ont été trop souvent abordés de façon séparée. Or une vision d’ensemble de ces problèmes complexes est nécessaire. Le développement durable propose un décloisonnement salutaire.

L’essor du développement dit ‘durable’ mérite de s’interroger sur ses fondements, ses bases : quel est l’état du développement économique de notre monde aujourd’hui ? Est-il satisfaisant ? Est-il reproductible ? Est-il viable ? Quel type de mondialisation économique voulons nous poursuivre ? Quel modèle de développement devons nous retenir ?

Le développement durable pose de vraies questions : quelles sont les limites de la planète ? Quelle est la finalité de notre développement ? Des questions auxquelles on ne répondra pas en 5 minutes ou quelques paragraphes.

Déjà la jeunesse nous interroge directement sur la démarche de développement à suivre : solidaire, qualitatif et fortement intégrateur. Comment relier équité sociale, viabilité environnementale et efficacité économique ? Comment réprouver les logiques d’affrontement ou de domination et inciter à multiplier les gains mutuels par alliances ?

I – LES ENJEUX

Le modèle de développement économique des 50 dernières années n’est à priori ni viable, ni reproductible.

Si l’on prend la consommation moyenne d’un européen de base, il faudrait 2 planètes Terre en 2050 et plus de quatre en 2100 pour répondre aux besoins de la population mondiale. Un tiers des richesses naturelles de la planète ont été consommées au cours des trente dernières années. (Source : Comité Médicis & WWF)

La moitié de l’humanité vit avec moins de 2 euros par jour. On dénombre plus de 800 millions de personnes sous-alimentées dans les pays en voie de développement. Vont-elles se révolter un jour ?

En Afrique, un enfant meurt toutes les trois secondes de malnutrition, de paludisme et de tuberculose. Est-ce ‘durable’ ? (Source : OMS)

La dynamique de la mondialisation nous interroge aujourd’hui par sa taille, sa force et ses contradictions : une vache européenne reçoit 2,5 euros par jour de subventions, alors que 2, 5 milliards d’humains n’ont pas ce revenu quotidien pour vivre ! Est-ce moral ?

Notre modèle de développement a-t-il fait progresser les pays ‘les moins avancés’ ? Leur nombre est passé en trente ans de 25 à 49. Quelles seront les conséquences de ces injustices, quelles soient économiques ou politiques ? Donner aux pays pauvres nécessite une méthode plus qu’une générosité aveugle et non contrôlée. Celles utilisées aujourd’hui n’ont pas encore fait leur preuve !

Les problèmes de développement touchent tout le monde, au Nord comme au Sud. En France, plus d’un million d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté (c'est-à-dire vivent avec moins de 650 euros par mois) et ils sont près de trois millions en Grande Bretagne. (Source : Ecole des hautes études politiques de Paris)

Un développement déséquilibré

1.1 Décalage aggravé entre développement et richesse

En 1960, les revenus des 20% des pays les plus riches étaient trente fois supérieurs aux revenus des pays les plus pauvres. En 1977, ils étaient soixante quatorze fois supérieurs.

En 1970, le revenu moyen de l’Afrique subsaharienne était de 12 fois inférieur à celui des pays riches. Aujourd’hui, cet écart est de 20.

En dix ans, l’aide publique au développement versée par les pays industrialisés a chuté de 29%.

Les écarts de richesses sont devenus colossaux : les 67 millions d’Ethiopiens, par exemple, se partagent 6 milliards de dollars annuels, soit le tiers de ce dont disposent les 400 000 luxembourgeois.

Le coton américain subventionné concurrence victorieusement les cultures des millions de paysans indiens ou africains. Le résultat, évidemment absurde, est que les pays avancés, avec 2% des agriculteurs mondiaux assurent plus des deux tiers des exportations du secteur. (Source : Challenges 09/2003)

Ces écarts qui s’aggravent sont-ils soutenables ? Que peut-on attendre de la déstabilisation conséquente de ces décalages ?

1.2 Un commerce et des échanges non favorables

Le rapport 2004 de la CNUCED sur les pays les moins avancés (PMA) estime qu’il est illusoire de croire que l’extrême pauvreté qui persiste dans les PMA résulte d’un manque d’intégration et d’une libéralisation insuffisante des échanges plutôt que du sous-développement. Parmi les 66 pays étudiés, 22 seulement ont vu leur niveau de vie augmenter. L’étude de 66 PMA sur les périodes 1990-1995 et 1995 – 2000 fait apparaître clairement que la contribution du commerce à la réduction de la pauvreté n’est pas celle que l’on croyait.

La poussée des exportations n’est associée à une hausse du niveau de vie que dans 22 pays sur 51. L’accroissement des échanges a eu un effet appauvrissant dans 18 cas et est ambigu dans 11 cas.  (source : La Tribune)

Les échanges extérieurs de l’Afrique, qui représentaient encore 4% de commerce mondial en 1950 ne comptent plus que pour 1% aujourd’hui (source : OMC). Ne sommes-nous pas en droit de s’interroger sur le sort de l’Afrique ? Ne verra-t-on pas naître bientôt en Afrique les même foyers de violences qu’au Moyen Orient, les mêmes repaires de terrorisme international ?

Que faire avec une dette publique de 185 milliards de dollars (en 2003). L’Afrique paie encore plus pour le service de la dette que pour son système de santé, environ 3% de son revenu annuel. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, chaque fois qu’un pays africain reçoit 2 dollars d’aide, il en reverse immédiatement 1 au titre de la dette.

1.3 Des dépenses mal orientées

Les dépenses de recherche-développement des 20 pays les plus riches de la planète sont équivalentes à la richesse cumulée de tous les pays les plus pauvres (source : Greenpeace).

Lorsque nous donnons une aide de 1 dollar aux pays pauvres, 3 dollars de subvention sont distribués dans nos pays. (source : UNEP)

Il faudrait 40 à 70 milliards de dollars par an pour éradiquer la pauvreté, soit 5% des dépenses militaires mondiales, qui sont de 1 000 milliards de dollars. (Source : Jacques Hintzy, Président Unicef France) et seulement 50 milliards en aide au développement. (Source : banque mondiale)

Avec 455 milliards de dollars de crédits militaires, les Etats-Unis représentent près de la moitié des dépenses mondiales et leur montant est supérieur à celui cumulé des 32 autres pays les plus puissants de la planète. (Source : Institut de recherche sur la paix de Stockholm)

En France plus particulièrement, le budget de la Défense occupe la deuxième place des dépenses publiques. Des sommes considérables sont ainsi consacrées à la prévention d’un danger sinon virtuel du moins minime, dans le même temps où des sommes ridicules sont consacrées à la prévention des risques écologiques parfaitement établis et d’une ampleur effrayante.

Depuis 10 ans, la Banque mondiale a apporté 23 fois plus de fonds aux sources polluantes qu’aux énergies renouvelables (Source : La Tribune).

La Population mondiale

Selon les Nations Unies, la population mondiale aura augmenté de 50% en 50 ans passant de 6 milliards fin 99, à 8 milliards dans 8 ans et à peu près 9 milliards en 2050. 85% de la population mondiale vivra alors dans un pays en voie de développement.

En 2004, les moins de 24 ans sont au nombre de 2,8 milliards, les moins de 15 ans sont 1,5 milliards (Source : banque mondiale). Si les jeunes n’ont pas d’espoir, il n’y aura pas de paix.

Un classement mondial est réalisé pour établir l’indicateur du développement humain. Il mesure le niveau atteint par un pays en termes d’espérance de vie, d’instruction et de revenu par tête.  En 2003, La Sierra Leone se classe 177ème et dernier pays devant le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Les 19 derniers sont tous africains. Le rapport souligne le coup d’arrêt donné au développement en Afrique subsaharienne à cause du Sida. Treize pays connaissent un déclin depuis 1990, l’espérance de vie étant passée en dessous de 40 ans dans huit pays, soit deux fois moins qu’au Japon, pays où l’on vit le plus longtemps.

Aujourd’hui, 20% de la population de plus de 15 ans est analphabète. Les femmes constituent plus des deux tiers de cette population. Pas de paix sans une éducation minimum, une culture de base.

Selon l’UNICEF, sur les 2,3 milliards d’enfants dans le monde, plus de la moitié vivent dans des situations difficiles à cause de la pauvreté, de la guerre, du sida ou de plusieurs de ces facteurs. Quel avenir peut bien nourrir l’espoir et l’espérance de ces enfants ?

La nourriture

3.1 Les pays en voie de développement

840 millions de personnes ne disposent pas suffisamment de nourriture.  25 000 personnes meurent chaque jour de faim (Source : Unesco).

Un enfant sur dix nés dans un pays en développement meurt de malnutrition avant l’âge de 5 ans.

38 millions d’Africains sont menacés de famine. Un américain dispose chaque jour d’une ration calorique supérieure de 2,3 à celle d’un Somalien.

La production de nourriture est en baisse dans 31 pays africains sur 53 alors que leur population devrait doubler avant 2030 pour atteindre 1,5 milliard de personnes (Source : l’Union Africaine).

3.2 Les pays développés

Au regard de cette situation catastrophique, selon l’International Obesity Task Force, l’obésité et le surpoids, longtemps sous-estimé, pourraient concerner plus de 200 millions d’adultes, soit 45% de la population de l’Union européenne. Le nombre d’enfants en excès pondéral augmente de 400 000 par an. 14 millions de petits européens sont touchés par ce fléau, dont 3 millions par l’obésité. La commission estime que l’obésité représente déjà entre 2 et 8% des coûts de soins de santé en Europe.

Le pourcentage des 5/12 ans présentant un excès pondéral en France a été multiplié par 5 en 40 ans. Selon l’OCDE, l’obésité tue quelque 220 000 hommes et femmes par an dans la seule zone Etats-Unis/Canada, et environ 320 000 dans 20 pays d’Europe occidentale.

L’eau

« L’eau est au monde ce que le sang est à notre corps » disait Léonard de Vinci. Source de vie, elle couvre 71% de la Planète bleue. En un siècle, pendant que la population mondiale triplait, la consommation d’eau a été multipliée par six. Et si le précieux liquide venait un jour à manquer ?

1,2 milliard de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable et 2,4 milliards d’individus ne disposent pas d’assainissement (Source : Institut de Recherche pour le Développement).

Dans trente ans, la moitié des habitants de la planète manquera d’eau. Selon le Conseil de l’Eau, apporter de l’eau dans les zones rurales des pays les plus pauvres de la planète nécessite des investissements colossaux : pas moins de 180 milliards de dollars par an durant les 25 prochaines années, soit 2,5 fois plus qu’aujourd’hui. Selon l’ONU, un tiers de la population vis en ‘stress hydrique’, c’est à dire qu’elle manque d’eau. La même organisation estime que, si rien n’est fait, ce sera le cas de la moitié de l’humanité en 2025. (Source : Le Monde).

En regard de cette situation préoccupante, dix pays se partagent 60% des réserves d’eau douce de la planète. Les américains sont les premiers consommateurs d’eau dans le monde : 700 litres. Les Européens en utilisent quotidiennement 500 litres et l’Haïtien 20 litres.

Certains africains doivent se contenter eux de 10 litres, qu’ils trouvent parfois qu’en parcourant des kilomètres plusieurs fois par jour. (Source : Le Monde)

L’agriculture représente 70% de la consommation d’eau sur la planète, et même 80% en Asie, notamment en raison de l’expansion de la riziculture. L’irrigation qui se développe partout menace le fragile équilibre hydrologique. (Source : ONU).

Le parisien consomme en moyenne 200 litres d’eau par jour, et le problème est que seul 3% d’entre eux le savent. (Source : le Siapp)

40% de la consommation totale d’eau en ville sont gaspillés. Un robinet qui goutte dans une cuisine ou une salle de bain peut en effet laisser fuir jusqu’à 35 000 litres d’eau par an.

L’eau ne représente que 5% des investissements réalisés sur l’ensemble de la planète, à comparer aux 52% engloutis dans la télécommunication. Et ne dépassent pas 3% de l’aide publique au développement (57 Milliards). (Source : la Banque Mondiale)

Aujourd’hui, comme chaque jour, 15 000 personnes vont mourir des suites de maladie transmises par l’eau, dont 90% d’enfants.

L’écosystème

La pression exercée par les pays industrialisés sur les écosystèmes est déjà destructrice pour l’environnement. Elles se révèlerait catastrophique si les pays qui aspirent très légitimement au développement suivaient le même chemin.

Nous avons commencé à consommer notre capital naturel, et les écosystèmes ne sont plus en mesure d’absorber nos émissions et nos rejets. (Source : PNUE)

On sait que la surface biologiquement productive ramenée au nombre d’habitants sur la planète est d’environ 2 hectares par personne. Or, un européen consomme six hectares et un américain moyen 10, alors qu’un habitant d’un pays en voie de développement ‘dispose’ de moins d’un hectare. (Source : Ministère du développement durable)

5.1 Les animaux

24% des espèces mammifères et 12% de celles des oiseaux sont menacées de disparition. La biodiversité sera réduite de moitié à la fin du siècle. (Source : PNUE)

L’union internationale de conservation de la Nature (UICN) compte désormais 15 589 espèces connues menacées d’extinction : 30% des amphibiens, 25% des mamifères, 11% des oiseaux et 15% des végétaux. Si rien n’est fait d’ici 2100 pour les sauver de l’extinction, les éléphants, les gorilles et les tigres auront rejoint le dodo ou le mammouth laineux dans la rubrique des espèces disparues. Deux ou trois espèces animales ou végétales disparaissent toutes les heures. (Source : Union Mondiale pour la Nature)

Si rien n’évolue à échéance de 30 ans, nous allons tout droit vers une pénurie des principales espèces de poissons blancs avec en tête le plus vendu d’entre eux, le cabillaud. 75% des espèces de poissons que les consommateurs européens ont l’habitude de manger, sont actuellement ‘surpêchés’ ce qui conduit inéluctablement à leur raréfaction. L’aquaculture n’est pas une solution suffisante car il faut 3 à 4 kilos de poissons sauvages pour nourrir un kilo de poisson d’élevage. (Source : Carrefour)

5.2 Les forêts

Chaque jour, nous détruisons en forêt l’équivalent de 37 terrains de football. (Source : Alter Eco) Chaque année en Amazonie, une superficie équivalente à la Suisse ou à la Californie part en fumée. Si la déforestation ralentit au Nord, le défrichement, essentiel à la survie des populations du sud, reste alarmant. (Source : Fondation N. Hulot)

1,3 millions d’hectares de forêt primaire est détruite chaque année à Bornéo, soit près du tiers de la superficie de la Suisse. Elle n’est pratiquement pas remplacée. (Source : WWF)

Entre 1990 et 2000, la surface des forêts dans le monde a diminué de 2,37%. Entre 1992 et 2000, la superficie de zones naturelles devenues artificielles est passée de 38 000 km2 à 43 000 km2 en France (Source : Banque CNDD).

Par ailleurs, les spécialistes estiment qu'entre 20 et 25% de la forêt portugaise a disparu en 4 ans à cause des incendies, dont quelques uns sont d’origine criminels. 

5.3 Un coût pour la collectivité

On ne sait pas si l’homme est le seul responsable de cette vague d’extinctions, mais il contribue certainement à l’amplifier par la destruction des écosystèmes naturels, la pollution, la déforestation, le trafic d’espèces rares, la pêche et l’agriculture intensives. Au risque de se priver à tout jamais d’un héritage naturel comprenant des sources potentielles de nourriture et de traitement. Ainsi, 70% des médicaments anticancéreux testés actuellement dérivent de molécules produites par des plantes qui n’existent que dans la forêt amazonienne.

Les incendies qui ont ravagé 10 millions d’hectares en forêt indonésienne à la fin des années 1990 ont coûté 9 milliards de dollars dus aux pertes de nombreux services.  Des études réalisées dans les forêts tropicales de l’Amazonie, révèlent également la corrélation entre déforestation et paludisme : toute augmentation de 1% du taux de déforestation est suivie d’une augmentation de 8% de la population de moustiques, vecteurs du paludisme. Les conséquences sur la santé humaine sont directes, entraînant de facto des coûts pour la société. En 2000, le Produit national brut de l’Afrique aurait pu être supérieur de 25% si la malaria avait été éliminée 35 ans plus tôt. (Source : Novethic)

60% des grands fleuves voient leur fonctionnement perturbé par l’homme. Des inquiétudes sérieuses se font jour et les experts constatent de plus en plus de dommages irrémédiables pour quantité d’écosystèmes.

6° La pollution

6.1 La pollution atmosphérique

Chaque année, la pollution atmosphérique fait plus de 9 500 morts en France, selon l’agence française de sécurité sanitaire et environnementale (Afsse).

60% des franciliens respirent un air pollué (Source : Institut français de géographie).

Selon les experts, 30 000 décès en France seraient imputables chaque année à la pollution atmosphérique. 7% à 20% des cancers seraient d’origine environnementale et 1 million de personnes seraient exposées professionnellement à des substances cancérogènes.

Les allergies respiratoires ont doublé en 20 ans. La bronchiolite des enfants touchait un enfant sur vingt il y a 20 ans. Aujourd’hui, elle atteint entre un tiers et la moitié des enfants à Paris.

L’infertilité est en hausse : 14% des couples consultent pour des problèmes de stérilité.

2,6 millions de déplacements sont réalisés chaque jour par 1 million de personnes en moyenne à Paris.

La voiture est devenue une source importante de pollution. Dans les grandes agglomérations comme Paris, la pollution automobile est la première cause de pollution atmosphérique, bien avant l’industrie.

En France, la voiture individuelle représente 86% du trafic des voyageurs. Sa part ne cesse d’augmenter sur le long terme. En 1980, les transports collectifs représentaient encore 20% du trafic des voyageurs contre 13% aujourd’hui. Désormais, presque tous les ménages ont une voiture. La distance moyenne des déplacements, et donc des dépenses d’énergie, n’ont pas cessé d’augmenter malgré les progrès technologiques des produits. D’autant plus que les ménages ont tendances à garder les vieux véhicules, notamment pour en avoir deux. Or, les nouvelles voitures sont plus économes et moins polluantes.

1,457 million de véhicules entrent dans Paris et 1,409 millions de véhicules en sortent chaque jour ouvrable (2001), contre 1,6 million dans les 2 sens. 66% des habitants de banlieue ne sortent par à Paris sans voiture.

Le parc des véhicules routiers est passé de 8 000 en 1 900 à 800 millions en 2002 (dont 25 millions en France) et les estimations prévoient quasiment le double à l’horizon 2030.  80% des français possèdent une voiture. 28% des déplacements en voiture, en milieu urbain, ne dépassent pas 1 kilomètre. (Source : Ministère de l’Intérieur)

A l’échelle mondiale, le transport routier représente ¼ des émissions de carbonne.

En France, 6 à 11% des décès chez les moins de 30 ans sont dus à des cancers du poumon causés par le rejet des particules de CO2 par les voitures (Source : Institut Français de Géographie)

L’avion n’est pas en reste. 6 milliards de litres de carburant ont été consommé sur les pistes des aéroports parisiens en 1999. Dont 1,5 milliards pendant la phase de routage et autant en basse altitude. (Source : Conseil National de l’air).

L’utilisation croissante (+9% au deuxième semestre 2003) des motos dans Paris est désormais au cœur des débats. Une moto pollue 5 à 6 fois plus qu’une voiture (Source : mairie de Paris).

Le rythme actuel des transports n’est pas soutenable.

6.2 La contamination des sols

L’Agence Européenne de l’Environnement estime qu’en Europe, il y a 2 000

Km2 de sols contaminés et que la réhabilitation de ces sols coûterait 100 milliards d’euros.

Près de 80 000 tonnes d’herbicides ont été commercialisées en France en 2002.

Le poids des déchets par habitant en France a doublé en 25 ans. L’emballage n’est pas étranger à la situation. Par exemple, celui du téléphone portable représente 25 fois le volume du produit.

Une explosion qui coûte cher à la communauté : elle a dû en effet débourser 10 milliards d’euros pour collecter et traiter les contenus en l’an 2000. La France est le cinquième producteur mondial de déchet.

Les emballages, source importante de pollution, sont en constante augmentation. Le ‘sur emballage’ (emballage inutile) est passé en France de 36kg par personne en 1960 à 120 kilos en 1990 (Source : UFC-Que Choisir).

Chaque année, 18 milliards d’imprimés non sollicités sont distribués dans les boîtes aux lettres, équivalent à 20 000 tonnes de déchets à collecter (coût pour la collectivité : 4 millions d’euros).

Les français consomment chaque année plus de 100 milliards de produits emballés. Les emballages ménagers génèrent, après usage, 5 millions de tonnes de déchets. La quantité de déchet augmente de 1 à 2% tous les ans.

Selon une étude de la direction de l’environnement de la Mairie de Paris, chaque parisien créé près de 573 kilos de déchets chaque année.

Les entreprises britanniques elles jettent environ 5 millions de tonnes de papier par an.

6.3 La contamination des eaux

On estime à 6 millions le nombre d’objets rejetés chaque jours dans la Méditerranée, dont 60% en plastique source : Le Figaro).

Dysenterie, diarrhée, trachome, typhoïde, amibiase, choléra, dengue, prolifèrent et touchent chaque année 700 millions de personnes, en tuant 5 millions. Un enfant de moins de 5 ans décède ainsi de diarrhée toutes les 15 secondes (source : Le Monde).

Les habitants du Bangladesh et du golfe du Bengale ont creusé près de 10 millions de puits. Or les réserves souterraines sont naturellement gorgées d’arsenic. 28 à 35 millions de personnes seraient ainsi en péril. Faute d’alternative, les paysans continuent pourtant à boire cette eau qui les empoisonne lentement.

Dans les rivières françaises, 75% des points contrôlées ont révélé « des concentrations plus ou moins importantes de pesticides dans des proportions telles que les milieux aquatiques peuvent être perturbés ». Plus de 400 substances ont été retrouvées dans les prélèvements de l’Ifen, dont 200 de manière récurrentes.

Selon l’ONU, la moitié environ des fleuves mondiaux sont gravement atteints par la pollution. Si la situation s’améliore globalement dans les pays riches qui ont mis en place des mesures de protection de leurs cours d’eau, elle ne cesse de se détériorer dans les régions pauvres de la planète.

La contamination de nombreuses nappes phréatiques est irréversible. Les produits chimiques toxiques se retrouvent dans toutes les parties du globe, s’accumulent et menacent la sécurité des chaînes alimentaires.

Selon l’Institut français de l’environnement (Ifen), les deux tiers des rivières et des eux souterraines contrôlées en France en 2002 étaient contaminées par les pesticides. L’Ifen a répertorié près de 200 pesticides différents dans ces milieux aquatiques, l’usage de certaines substances étant pourtant interdit depuis des années.

Le PNUE dénonce les 21 millions de barils de pétrole déversés chaque année dans les océans par le dégazage des pétroliers.

Les scientifiques s’inquiètent aussi de la pollution sonore dans les océans. La cacophonie créée par l’homme est soupçonnée de produire des effets néfastes sur la faune en ‘masquant’ les communications naturelles de l’océan utilisées par les animaux marins. Des échouements spectaculaires de baleines ont été liés à l’utilisation de sonars militaires. Cette pollution sonore coïncide avec l’essor de la navigation commerciale. Entre 1948 et 1998, la flotte commerciale mondiale a vu son tonnage passer de 85 millions à 550 millions. Dans le même temps, le bruit de fonds de l’océan est accru d’environ 15 décibels, soulignent les scientifiques.

9 franciliens sur 10 jugent l’eau de plus en plus polluée. Prêts des trois quart des habitants d’Ile de France seraient prêts à payer plus pour préserver la qualité de l’eau (source : 2003, Louis Harris)

Dans la revue Sciences, des chercheurs ont simulé l’impact d’un abandon de l’essence au profit du carburant à l’hydrogène. En diminuant la pollution due aux carburants fossiles, 6 000 décès par an pourraient être évités rien qu’aux Etats-Unis.

7° Emission de gaz à effet de serre

Il est maintenant prouvé que l’activité humaine intensifie l’effet de serre. D’après le groupe intergouvernemental pour l’étude du changement climatique (un forum mondial composé de 2 500 scientifiques créé sous l’égide de l’ONU), la variation moyenne de température pour le XXIème siècle sera de + 1,4° à +5,8°, soit le réchauffement le plus élevé et le plus rapide depuis 10 000 ans. A 2% de croissance du PIB par an, entre 1995 et 2020, les émissions de CO2 françaises devraient augmenter de presque 50% si aucune mesure n’est prise. Les conséquences sont encore mal évaluées, mais promettent d’être catastrophiques.

Les douze dernières années, les émissions de CO2 ont augmenté de 16,4% dans le monde (source : Nations Unies)

Depuis que les registres météo existent, les cinq années les plus chaudes ont eu lieu entre 1998 et 2005, et les dix années les plus chaudes entre 1990 et 2005. Il y a 18 ans qu’a été enregistré le dernier mois le plus froid que la normale saisonnière. (Source : conférence sur le climat à Londres)

En 2 siècles, la concentration de gaz à effet de serre (principalement le dioxyde de carbone et le méthane) a augmenté de 30%. Si l’on en croit le Groupe international d’experts sur le climat (Giec, IPCC en anglais), la température a ainsi augmenté de 0,6°C à la surface du globe au cours du XXème siècle et le phénomène devrait s’accélérer.

Avec la croissance, la demande d’énergie ne peut qu’augmenter. En 2002, la production d’énergie et de chaleur a été à l’origine de 40% des émissions de gaz carbonique dans le monde.

La situation risque de s’aggraver à court terme. Selon Kyoto, les pays émergents ne sont pas tenus de réduire leurs émissions de gaz. Mais avec une hausse de 44,5% de ses émissions, la Chine est devenue le deuxième pollueur mondial. L’Inde (+71%) est en cinquième position.

Les analyses des bulles d’air emprisonnées dans la glace confirment que les teneurs actuelles en gaz à effet  de serre atteignent le plus haut niveau jamais au cours des 440 000 dernières années.

(Source : European Project for Ice Coring in Antartica).  

Dans les années 2040, plus de la moitié des années pourraient être plus chaudes que 2003, estiment des chercheurs britanniques du Hadley center. L’Arctique se réchauffe par exemple deux fois plus vite que le reste de la planète, a montré une étude récente des pays frontaliers de ce continent. Certains glaciers sont en train de fondre : ceux de la Suisse auront perdu 18% de leur surface entre 1980 et 2025, contre 1% au cours des 15 années précédentes.

Les glaciers de l’Antarctique, au Sud, ne se portent pas beaucoup mieux que la banquise de l’Arctique au Nord. Selon les scientifiques, en raison du réchauffement climatique, le rythme auquel ils fondent s’est considérablement accéléré depuis 15 ans. Résultats : l’Antarctique perd à l’heure actuelle 60% plus de glace qu’il ne s’en reforme : ce qui entraîne un amincissement et une rétractation des glaciers, ainsi qu’une montée du niveau des océans mesurée à 0,2 mm par an.

Selon le PNUE, les pertes au niveau mondial liées aux catastrophes naturelles attribuées au changement climatique doublent tous les 10 ans, et s’élèveraient à près de 150 milliards d’euros par an au cours de la prochaine décennie.

Une étude récente de l’ONU indique que 2 milliards de personnes dans le monde, et surtout en Asie, devraient être menacées par des inondations en 2050 à cause des changements climatiques et de la pression démographique.

Les experts de l’ONU estiment que la montée du niveau des mers sera de 9 à 88 cm d’ici à 2100. Elle a été de 10 à 20 cm au siècle précédent.

La Grande Barrière de corail australienne pourrait disparaître en cent ans en raison du réchauffement climatique. En 1988, 16% des récifs coralliens mondiaux ont disparu à cause de la montée de la température de la mer, dont la mort de 46% des coraux de l’océan indien. (Source : Reuters)

Une étude du Conservatoire du littoral s’inquiète du niveau de la mer due au réchauffement climatique. Selon le rapport, plus de 30 000 hectares, soit 21% du patrimoine du Conservatoire en 2100 pourraient être couverts par la mer. Selon plusieurs experts, la mer pourrait s’élever de 44 cm d’ici 2100 avec une marge de plus ou moins 30 cm. Or, le littoral français, déjà densément peuplé (deux fois et demi plus que l’ensemble du pays) devraient accueillir 3,4 millions de personnes supplémentaires d’ici 2030.

Le désert gagne du terrain. Le phénomène est lent mais il progresse partout. Aujourd’hui, c’est un tiers de la planète qui est menacé rappellent les spécialistes des Nations Unies. Depuis les années 90, on estime qu’en moyenne 3 436 km2 sont chaque année transformés en désert, contre 2 100 km2 dans les années 80 et 1 560 km2 dans les années 70. A ce rythme, les spécialistes ont calculé que, d’ici à 2025, les deux tiers des terres arables d’Afrique auront disparu, comme un quart de celles d’Asie et un cinquième de celles d’Amérique du Sud. Les régions les plus exposées sont celle qui jouxtent les déserts actuels, comme le Sahara ou le désert de Gobi. Mais le phénomène n’épargnera pas l’Europe. 31% de l’Espagne selon ces spécialistes risque de se transformer progressivement en désert.

La fonte extrêmement rapide des glaciers de l’Himalaya, due au réchauffement de la planète, devrait se traduire par des pénuries d’eau pour des centaines de millions de personnes qui dépendent des rivières alimentées par les glaciers d’Asie. Les glaciers himalayens reculent de 10 à 15 mètres par an.  (Source : le World wide Fund for Natur)   

Pour stabiliser la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il faudrait réduire de moitié les émissions actuelles, soit passer d’une tonne de carbone rejeté par habitant à moins de 500 kg. Or, si l’Amérique latine et la Chine sont à peu près à ce niveau et le reste de l’Asie et de l’Afrique à la moitié, les Européens sont à quatre fois ce niveau et les Américains à onze fois.

8° Pénuries des ressources énergétiques

L’empreinte écologique : depuis 1970 la planète aurait perdu 35% de sa capacité à renouveler ses ressources suite aux activités humaines (source : PNUE WWF). « Nous brûlons des stocks : notre processus d’enrichissement est un processus de consommation du patrimoine » B. de Jouvenel

Cependant, un tiers de la population mondiale n’a pas accès aux formes d’énergies moderne.

En dépit de l’amélioration constante des technologies d’exploration, le volume de pétrole découvert chaque année n’a cessé de décroître depuis les années 60. Depuis 1980, notre monde consomme plus de pétrole qu’il n’en découvre : désormais, un seul baril de pétrole est découvert pour quatre consommés.

Chaque litre de pétrole mis dans sa voiture a mis des millions d’années à se former. Le demande d’énergie croît de manière soutenue de 2% par an, avec les énergies fossiles, pétrole, charbon, gaz, comme source dominante à 90% (1kg de viande de veau dans notre assiette contient plus de 11 kg de pétrole, environ 65 000 km sont parcourus pour la fabrication d’un jean). Pour combien de temps encore ?

Pour des raisons techniques, nous ne sommes pas loin d’atteindre le maximum de la production mondiale. En conséquence, nous ne pourrons pas répondre à l’augmentation massive de la demande, avec l’entrée de plus d’un tiers de l’humanité (Chine, Inde et Brésil) sur le marché de la grande consommation. Le prix du pétrole ne peut qu’exploser.

Un indien consomme 494 kilos de pétrole (ou équivalent) par an, un chinois 905 kilos quand un américain en utilise 8150 kilos et un européen 3 820 kilos. Au nom de quoi empêcherait-on les Indiens et les Chinois de profiter à leur tour des mêmes biens et services que les américains et les européens. Plus du quart de l’humanité n’a encore aucun accès à l’électricité et 40% de la population mondiale ne peut compter pour l’instant que sur le bois de feu ou les bouses de vaches pour se chauffer et faire la cuisine (sources : alternatives économiques).

L’AIE prévoit qu’en 2030 les consommations énergétiques se seront accrues à l’échelle de la planète de 61% par rapport à 2000. La consommation américaine devrait augmenter de 42% et celle de l’Europe de 30%, mais celle de l’ensemble des pays en développement devrait plus que doubler.

La demande mondiale d’énergie devrait augmenter de 60% d’ici à 2030, selon un rapport de l’Agence Internationale de l’Energie. En 2030, l’explosion de la consommation de pétrole, de charbon, de gaz et autres ressources alimentera pour les deux tiers la croissance économique des pays émergents comme l’Inde ou la Chine.

En effet, la Chine contribue à cet emballement. Elle est devenue le 2ème consommateur de pétrole derrière les Etats-Unis avec des importations de brut en augmentation de plus de 30% en 2004. A l’horizon 2020, la Chine pourrait consommer chaque année plus de 3 milliards de barils de pétrole et 200 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Pour satisfaire ses besoins, le pays devra alors importer 60% de son pétrole et plus de 30% de son gaz naturel.

Aujourd’hui, l’électricité de la Chine est à 80% d’origine thermique, l’appétit pour le charbon inquiète la communauté internationale.

On estime généralement aujourd’hui qu’il nous reste 45 ans de combustibles fossiles devant nous. Que ferons nos enfants ?

Selon Serge Latouche, professeur émérite à l’Université de Paris Sud, les 2 termes de développement durable sont antinomique : le développement ne peut être durable car il est la cause du problème. « Il faut revenir sur l’idée selon laquelle le développement est nécessairement un bienfait. Il ne peut y avoir de croissance infinie sur une planète aux ressources limitées.

II – LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE

La communauté internationale est un cancre. Elle s’est elle-même assigné des ambitions qu’elle n’a aucune chance de réaliser au rythme actuel. Les objectifs du millénaire, lancés par l’ONU en septembre 2000 et avalisés par 189 pays, ont des allures de vœux pieux : réduire de moitié le nombre de victimes de la pauvreté ou de la faim, assurer une éducation primaire universelle, améliorer l’accès à la santé. Mais aussi prendre en compte les aspirations liées à l’environnement, la sécurité et les droits humains. « La communauté internationale n’a mérité dans aucun de ces domaines une note supérieure à 4 sur 10 ».

Ainsi, la proportion de famine qui frappe actuellement plus de 800 millions de personnes est susceptible d’augmenter au Moyen Orient, en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud. 96 pays sont hors jeux dans la course pour atteindre la cible d’un accès hypothétique à l’éducation primaire. Si 12% de la surface de la terre bénéficient officiellement d’une protection environnementale, le monde dépense moins de 7 milliards de dollars par an pour rendre cette protection efficace, quand il en faudrait 4 fois plus.

Au total, la communauté internationale n’a engagé qu’un tiers des efforts nécessaires pour atteindre les objectifs (source : Forum Economique mondial).

Si on continue au rythme actuel, les objectifs du millénaire fixés à 2005 ne seront atteint que dans 150 ans, indique Jacques Hintzy, Président de l’Unicef France.

III – CONSTRUIRE UNE VISION, UNE DYNAMIQUE

               

Le challenge posé par le Développement Durable est donc clair : « donner à chaque homme sur terre des conditions de vies décentes, et cela dans les limites de la capacité de notre terre ».

Cela signifie changer de façon fondamentale nos modes de production et consommation ; cela veut dire découpler croissance économique et utilisation des ressources naturelles, cela veut dire intégrer les volets économiques sociaux et environnementaux au lieu de les opposer ; cela veut dire changer nos comportements et nos valeurs.

Des outils existent  qui permettent aux responsables de l’industrie d’amorcer les changements nécessaires ; on peut citer par exemple : études d’impacts, audits environnementaux et sociaux, analyses de cycles de vie de produits, système de gestion de l’environnement suivant les normes ISO 14000, préparation et publication de rapports publics présentant la performance environnementale et sociale des entreprises suivant les normes de la ‘Global Reporting Initiative’ GRI.

Il est clair qu’à l’heure où l’industrie a perdu une grande part de la confiance du public, à l’heure où beaucoup s’inquiètent des conséquences de la globalisation, le monde a besoin d’une industrie, et en particulier de marchés des capitaux qui comprennent la nécessité et l’intérêt du développement durable. C’est indispensable pour éviter les crises liées au dysfonctionnement des écosystèmes qui sont la base de la vie sur la planète, et c’est indispensable pour assurer la viabilité à moyen et longs termes des entreprises.

On est un peu coincé par le fait que nos démocraties reposent sur la croissance. Pour un gouvernement, les choses ne sont pas simples. D’un côté l’objectif est de réduire par quatre nos émissions de gaz à effet de serre. De l’autre, nous souhaitons faire repartir la consommation. La contradiction est on ne peut plus claire. Il est triste de constater que nous avons toutes les données du problème depuis un certain temps, mais que nous allons immanquablement dans le mur si rien ne change !

Une expérience personnelle

La mondialisation secrète des antidotes aux schémas catastrophiques qu’on lui prête.

Les marchés financiers s’internationalisent. Ils opèrent à l’échelle mondiale. Depuis quelques années, ces marchés ont institué des agences de notation sociale et environnementale des entreprises. Il s’agit de noter les risques extra financiers portés par les entreprises et non évalués par les agences classiques comme Standard & Poors ou Moodys. Le parti pris est que les entreprises ont une responsabilité première pour faire évoluer positivement notre monde, que la marche du monde ne doit pas être laissée au monde des instances publiques et politiques.

Il existe une dizaine d’agences de notations sociale à travers le monde : américaine, anglaise, française, allemande, suisse, danoise, japonaise, italienne, etc… Une grande majorité des plus grandes entreprises mondiales sont aujourd’hui évaluées par ces agences.

Ces agences de notation mesurent et évaluent précisément les performances des entreprises dans les domaines sociaux, sociétal, environnemental, de gouvernance et de relation clients fournisseurs.

Par exemple, les agences mesurent la liberté d’association, le droit de négociation collective, l’élimination du travail infantile, égalité de chances pour les minorités, abolition du travail forcé, etc…

Pour la première fois, les marchés financiers disposent d’informations objectives et fiables pour comparer les pratiques sociales, sociétales et environnementales des entreprises à travers le monde.

Des fonds spécifiques ISR (investissement socialement responsable) se sont créés ces dernières années qui n’investissent que dans les entreprises qui ont les meilleures pratiques. Les entreprises sont notées A+ ou C- comme pour leurs performances financières.

Les marchés aujourd’hui comprennent que les entreprises ayant les meilleures pratiques sociales et environnementales ont plus de chance de mieux se comporter sur le long terme que les entreprises ayant de mauvaises pratiques dans ces domaines.

Que constate-t-on aujourd’hui ? Les entreprises étant moins bien notées par ces agences modifient leur comportement social et environnemental pour essayer de se hisser au niveau des meilleures pratiques de leurs concurrents. Les agences en effet fluidifient l’information et les meilleures pratiques sectorielles dans le domaine de l’environnement et du social sont répertoriées et connues. Elles permettent une comparaison objective par les acteurs des marchés financiers.

Les enjeux pour nos sociétés sont considérables. On peut raisonnablement imaginer que ce sont les acteurs financiers qui vont inciter petit à petit les entreprises à de meilleures pratiques sociales et environnementales car ils auront constaté et mesuré que ces pratiques sont plus favorables aux entreprises sur le long terme. Il s’agit bien de mettre en œuvre ‘les lunettes du développement durable’ pour les responsables financiers.

Un des objectifs principal d’une mondialisation vertueuse est sans doute un meilleur contrôle des conditions de vie des enfants, avenir de notre humanité.

Aujourd’hui, 250 millions d’enfants travaillent illégalement dans le monde dont 180 millions dans des conditions intolérables d’exploitation. 73 millions d’entre eux sont âgés de moins de 10 ans. 8,4 millions sont victimes de l’esclavage, du trafic et de la prostitution. Chaque année 22 000 enfants décèdent à la suite d’accident du travail.

(Source : OIT)

Puisse les enfants profiter en priorité de la mondialisation de nos économies ! 

Jean-Renaud d'Elissagaray

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