De la mondialisation et du développement durable
De la mondialisation au concept de développement durable. « Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme mais pas assez pour assouvir son avidité » (Gandhi) La mondialisation est devenue une réalité à laquelle il est impossible d'échapper. La Terre est une. Les flux de population, de matières, d'informations, comme les flux financiers croissent et s'entremêlent de façon exponentielle, le tout rapporté en images aux extrémités de la Terre, par les télévisions du monde entier. Internet illustre tout particulièrement cette ère de la mondialisation. Parallèlement, l'impact négatif des activités humaines sur l'environnement - à la fois local et global - ne fait plus guère de doute. Derrière le concept - un peu flou et extensible à outrance – de développement durable, se dessine un projet de société novateur, un changement de modèle global qui invite à une approche systémique des problématiques posées à l'humanité de ce début de nouveau millénaire. L'homme est au cœur du concept de développement durable, donnant au concept une dimension tout à la fois philosophique, pragmatique et éthique. Prôner un développement durable est à la fois une grande ambition et un projet global aux exigences souvent élevées. C'est, en amont, avoir fait le constat de l'impossibilité géophysique autant que sociale de poursuivre avec le modèle de développement qui a prévalu depuis la révolution industrielle, et de façon plus prégnante, au cours des décennies passées. Notre planète Terre est finie, limitée et assujettie dans le même temps à des forces démographiques et économiques de plus en plus puissantes, susceptibles de pouvoir l'anéantir si l'on n'y prend garde. Il ne s'agit pas de donner dans un quelconque catastrophisme de mauvais aloi, ni de jouer les oiseaux de mauvais augure. Il s'agit d'ouvrir grand les yeux sur la réalité présente et les perspectives – pour le moins délicates - qui se dessinent, pour être à même de mobiliser l'ensemble des acteurs : citoyens, pouvoirs publics, collectivités locales, entreprises, organismes de toute nature. Car l'engagement de tous sera absolument nécessaire. La « révolution » à entreprendre ne peut être déléguée à quelques uns ; elle exige – par son ampleur – l'adhésion du plus grand nombre et l'implication pleine et entière de chacun à son niveau. Redonner du sens « Gouverner, c'est prévoir ». Un projet politique responsable doit intégrer la réalité de notre monde, en percevoir les grandes évolutions, comprendre les enjeux du temps présent et des temps à venir, pour être à même d'anticiper les obstacles, d'éclairer l'avenir et d'accompagner le nécessaire changement des comportements individuels et collectifs. Cela n'ira pas sans grandes remises en causes, sans révolution mentale, sans efforts individuels et collectifs. Il ne s'agit toutefois pas d'aller vers une société de privation, mais certainement vers une société de modération. Une société « d'abondance frugale » - selon l'oxymore de Jean-Baptiste de Foucaud - dans laquelle l'être l'emporte sur l'avoir, et au sein de laquelle la production et la consommation cessent d'être des finalités, pour redevenir des moyens, parmi d'autres, de contribuer à l'épanouissement de l'Homme. Notre époque se caractérise par la profusion des moyens et la confusion des fins se désolait Albert Einstein. Nul doute que le développement durable peut apporter une réponse à ce constat amer, lui qui est « la chance unique et probablement ultime de redonner du sens au progrès » (Nicolas Hulot).
Ghislain Gomart